Voyage au Pakistan : dangers et conseils pour votre sécurité

l'entrée du Serena Hotel à Islamabad

Le jour où j’ai appris que je partais en voyage pour le Pakistan, je me suis posé les mêmes questions que mes amis m’ont tous posé.

« Le Pakistan est il un pays dangereux ? »
« Quels sont les dangers pour voyager au Pakistan ? »
« Quelles régions privilégier pour éviter les dangers ? »
« Et les talibans alors ? et le terrorisme ? »
Bref le Pakistan est il une zone de danger ?

Car oui chez Voyage Insolite, on avait envie de vous parler de destinations insolites, de destinations auxquelles on ne pense pas tout à fait pour ses prochaines vacances. Et le voyage que j’ai fait il y a quelques semaines me permet de commencer aujourd’hui toute une série d’articles sur le voyage au Pakistan.

On ne va pas se mentir : quand on entends les noms de Karachi ou Islamabad (la capitale du Pakistan), ce n’est malheureusement pas pour leur histoire, leur culture, leur patrimoine… bref pour le tourisme. Des mots comme terrorisme ou islamiste, taliban ou chefs tribaux résonnent plutôt.

Du coup j’ai un peu bossé avant de partir au Pakistan. Comment démêler les vrais dangers et les infos, toujours un peu alarmistes et anxiogènes sur ce pays, coincé entre l’Afghanistan, l’Iran, la Chine et l’Inde ?

Je vous partage ici mon cheminement personnel sur cette question : mes recherches sur le web avant de partir avec le site du ministère des Affaires étrangères, un point sur les derniers attentats au Pakistan et plus particulièrement ceux qui ont touché des voyageurs, mon ressenti sur place, la question du danger pour une femme de voyager là-bas et enfin où voyager en sécurité au Pakistan.

Car oui je suis finalement bien parti au Pakistan.

Agence voyage Pakistan

La carte zone orange et rouge du quai d’Orsay

carte danger Pakistan quai d'Orsay

Le premier réflexe quand on part dans un pays à risque, c’est de référer aux cartes du ministère des affaires étrangères sur leur site internet. Les fameuses zones rouges. 

Il y a encore quelques mois, le ministère des affaires étrangères classait le pays entier en zone rouge : région formellement déconseillé.

Mais ça c’était avant.

La diplomatie française a passé 3 zones de rouge à orange (déconseillé sauf raison impérative) : la région de Karachi dans le sud, un triangle qui fait Islamabad, Lahore et Faisalabad et le nord est du pays, Gilgit-Baltistan. A noter que la capitale Islamabad est elle en jaune (vigilance renforcée).

Quels critères sont utilisés pour décider des couleurs (rouge, orange, jaune et vert) ?
Elles sont décidées en fonction des infos collectées par les ambassades sur place : sécurité, terrorisme, risque sismique etc…

Le Pakistan cumulait risque d’attentat et risque sismique. Ca faisait beaucoup.

D’autant plus que si ils ont des problèmes avec la frontière afghane et les zones tribales de l’ouest et le Balouchistan, il ne faut pas oublier que les accrochages semblent être quotidiens avec l’armée indienne sur le Cachemire.

Mais depuis 5 ans maintenant le pays travaille d’arrache pied sur sa sécurité intérieur. Si malheureusement encore en juillet il y a un attentat à un bureau de vote, le pays devient plus calme, plus quadrillé. Je vous parlerais de mon ressenti un peu plus tard.

Je vous laisse lire ici toutes les recommandations du quai d’Orsay qu’il faut je pense bien suivre en terme de conseils sur comment se comporter.

Les derniers attentats au Pakistan

Concrètement qu’est ce qu’il s’est passé récemment au Pakistan pour craindre pour sa sécurité ?

Lors des élections en juillet dernier il y a eu deux attentats : mi-juillet au Balouchistan (sud ouest) (128 morts) et fin juillet dans le même coin (28 morts).

Mais, sans que cela soit moins triste, ces attentats visaient des rassemblements électoraux de pakistanais. C’est pour cela que le quai d’Orsay conseille de rester en dehors de toute manifestation ou rassemblement politique ou religieux. Le plus grand danger se trouve là.

Et des attaques sur les touristes ?

Le dernier vrai attentat contre des touristes remonte à 5 ans, le 22 juin 2013. Une horreur. Des Talibans déguisés en soldats pakistanais accèdent au camp de base du Nanga Parbat, à 4 200 mètres d’altitude et exécutent à bout portant 10 alpinistes étrangers.

Un attentat qui a sonné le glas du tourisme dans une région qui en vivait beaucoup. Avec des dizaines de montagnes à 8 000m, dont le célèbre K2, les alpinistes du monde entier venaient dans cette région. C’est d’ailleurs là-bas que l’alpiniste française Elisabeth Revol a failli mourir (à cause d’un accident de montagne) il y a quelques mois.

Depuis ce groupuscule taliban a été éradiqué, tous les membres de ce commando de la mort ayant été abattus par l’armée pakistanaise.

Depuis plus rien dans cette région. Il y a eu ce cycliste en 2014, escorté par la police dans la Balouchistan, ses 6 gardes du corps se sont fait abattre et il en réchappera. Mais c’est tout depuis 5 ans. Quand on sait qu’on peut aussi mourir dans un concert à Paris sous les balles des terroristes, on peut relativiser. 

Ce que j’ai ressenti sur place

En prenant mon vol à Roissy, c’est vrai, je n’étais pas spécialement rassuré. Mais avec toutes ces infos glanées sur le web, les assurances données par le gouvernement qui organisait ce voyage de presse, j’avais pris ma décision.

Je peux donc vous parler de mon ressenti sur les deux régions où j’ai séjourné.

La sécurité à Islamabad

Je suis resté 2 jours à la capitale, la zone jaune. Je n’ai jamais pu me balader seul. J’étais soit accompagné par deux guides pakistanais, parfois même escorté par des militaires pour des réunions avec les officiels du tourisme, soit je suis resté dans mon hôtel qui était gardé par des gardes armés.

escorte armée à Islamabad Pakistan
Notre escorte armée pour une rencontre officielle

Par exemple notre entrée au Serena Hotel (un véritable palace 5 étoiles) m’a marqué.

l'entrée du Serena Hotel à Islamabad

Pour pouvoir pénétrer l’intérieur de l’enceinte, notre mini bus a du passer un contrôle anti-bombe : miroir pour voir sous le mini bus, ouverture du moteur et du coffre, passage d’un chien. Le tout sous le regard d’un homme armé à nos côté et d’un autre en hauteur. Une fois le contrôle fait, le mini bus devait passer deux sasses pour enfin accéder à la rampe d’accès à l’entrée de l’hôtel.

On était sûr de dormir en sécurité.

Sur les routes de la capitale, les barrages sont fréquents : des checkpoints surveillés par la police. Solène Chalvon, correspondante au Pakistan pour Libération m’a confirmé que c’est comme ça dans tout le pays : il est quadrillé sauf pour la province du Balouchistan, territoire incontrôlable qui continue de subir des attaques très régulières, notamment de l’état islamique.

J’ai pu me balader un peu dans la rue, toujours accompagné par deux guides, visiter le site de Taxila (à 30 km d’Islamabad) ou encore m’arrêter sur le bord de la route pour prendre pendant des dizaines de minutes des photos. Je n’ai jamais été inquiété par quoique ce soit.

A découvrir : la cité grecque perdue au coeur du Pakistan que j’ai pu visiter 

La sécurité dans la région du Gilgit-Baltistan

Je suis resté 5 jours dans cette région située au nord, nord-est du Pakistan. Sans aucun doute la plus belle région du pays (on l’appelle le joyau du Pakistan) et la plus propice au tourisme. Avant le 11 septembre, comme je vous le disais, elle accueillait les alpinistes du monde entier.

Nous étions souvent accompagnés et en groupe mais nous étions beaucoup plus libres qu’à Islamabad. Nous avons fait des escapades dans le désert, bu du thé seuls dans des villages, sommes partis à la rencontre d’habitants.

A lire aussi : ma quête de la mythique Shangri-La de la Chine au Pakistan

Il n’y a jamais eu l’ombre d’un problème de sécurité là-bas.

Bien au contraire, les gens ont pleinement conscience de l’importance du tourisme pour leur économie. Ils sont tous à l’unisson pour re-développer cette industrie, et ils savent tous que leur problème numéro 1 c’est la sécurité. D’assurer la sécurité et aussi de faire savoir au monde entier qu’on ne risque rien en venant ici.

Combien de fois alors que nous étions en balade dans des villages, dans des trecks en montagne, ou en rase campagne, combien de fois avons-nous été invité à rentrer dans leur maison, à leur serrer la main, à échanger un sourire. L’hospitalité pakistanaise n’est pas une légende dans cette région.

Il faut noter aussi que l’ouest de cette région, plus particulièrement dans la vallée de l’Hunza, c’est la religion ismaélienne qui prédomine. Une branche de l’Islam très ouverte.

Pour eux, les prescriptions du Coran ont une valeur toute symbolique. Ils ne s’astreignent pas au jeun du Ramadan par exemple et le rôle des femmes (elles portent un voile léger) est beaucoup plus important dans la vie civile qu’ailleurs.

Cette ouverture d’esprit sur les autres permet peut-être une souplesse plus grande et une facilité de communication. 

Sur les routes : nous avons fait des heures de routes (parfois 5 à 8 heures par jour), nous n’avons aussi jamais été inquiété. A noter que nous étions bien encadrés par nos guides.

Voyage au Pakistan pour une femme

On peut aussi se demander le danger pour une femme à voyager au Pakistan. Je ne pense pas que voyager seul, sans guide dans la région par exemple, soit vraiment envisageable.

Comme je vous le disais la vallée de l’Hunza est très tolérante vis à vis des femmes. Vous ne serez jamais embêtée parce que vous êtes une femme.

Si on continue vers l’est, du côté de Skardu ou Khaplu, les chiites sont un peu plus présents, et les femmes moins présentes dans les rues par exemple. Ce qui peut sembler un peu bizarre parfois. Là le voile est conseillé en permanence et l’accueil fait aux femmes est peut-être un peu plus gêné.

Mais le Gilgit-Baltistan reste la plus belle région pour voyager. Pour un homme comme pour une femme d’ailleurs. Le sud du pays est plus compliqué, une région où l’Islam se veut plus rigoriste, sauf Karachi qui est plus cosmopolite et libéral.

Alors si on pense tout de suite à l’Islam ou le terroriste comme danger pour les femmes, on pense moins à… la drague. Pendant mon séjour, j’ai eu une copine, c’est vrai très jolie, blonde, qui a subi deux comportements déplacés de pakistanais avec qui nous avons pu travailler.

Comme elle me l’expliquait, ça pourrait être considéré comme de la drague un peu lourde (envoi de textos ou autre) mais ce sont des comportements qu’ils ne se permettent pas avec des pakistanaises. Cela la choquait qui puissent se le permettre avec elle.

Alors aucune conséquence grave, mais si vous décidez de voyager là-bas, sachez garder vos distances avec d’éventuels dragueurs.

Ce qu’il faut savoir c’est qu’au Pakistan, en général, les femmes ne se laissent pas prendre en photo, ne serrent pas la main des hommes et de façon général communiquent extrêmement peu avec des hommes qui ne soient pas de leur famille.

Alors un sourire de votre part, l’autorisation d’un selfie, et ceux-ci peuvent avoir le sentiment que vous êtes « ouvertes » à plus. Pour évitez les malentendus désagréables, n’hésitez donc pas à être ferme, ou par exemple accepter le selfie avec un ami aussi sur la photo.

Où voyager en sécurité au Pakistan ?

Si vous avez lu tout l’article, vous avez déjà compris. Tant d’un point de vue sécuritaire que d’un point de vue intérêt touristique, le Gilgit-Baltistan est la région parfaite pour voyager au Pakistan en toute sécurité selon moi.

J’ai du mal à comprendre la couleur donnée par le quai d’Orsay à cette région : orange (déconseillé sauf en cas de raison impérative). Je n’ai pas toutes les infos en main mais encore une fois, personne de mon groupe ne s’est jamais senti en danger là-bas.

D’ailleurs j’ai cru comprendre que l’ambassadeur de France au Pakistan milite dur auprès des Affaires Etrangères pour un éclaircissement des couleurs pour le Pakistan.

Cet article sur les dangers d’un voyage au Pakistan était un préambule. Un préambule moins agréable à écrire que le récit de mes voyages, mais il me semblait important de vous partager ma démarche avant de partir. D’ailleurs la suite de mon voyage est ici.

Je suis certain que cela sera utile à tous ceux qui se posent ce genre de questions sécuritaires sur le Pakistan.

Par contre attention : si certaines informations que je vous donne ici (notamment celles du quai d’Orsay) sont de véritables infos, j’ai partagé avec vous beaucoup mon ressenti et ma propre expérience.

D’ailleurs si vous avez des expériences, des retour à nous faire si vous êtes déjà parti là-bas, n’hésitez pas à le faire en commentaire ils sont ouverts. De même si vous avez des questions, même si je ne suis pas du tout un spécialiste, j’essayerais d’y répondre.

Un grand merci à Solène Chalvon, correspondante au Pakistan pour Libération qui m’a donné de précieuses informations pour cet article.

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2 replies on “Voyage au Pakistan : dangers et conseils pour votre sécurité”
  1. says: thomas

    Pour avoir voyagé 4 mois au pakistan avec ma compagne, il y a longtemps certes (2005/2006/2007), je ne suis pas sûr qu’il soit plus dangereux pour une femme de voyager au pakistan que (par exemple) dans l’Inde voisine. C’est un peu « déplacé » selon la culture du pays, vu que les pakistanaises sont en général accompagnée d’un homme en voyage. Mais d’une part, les étrangers sont des hôtes et l’accueil pakistanais c’est quelque chose… D’autre part, pas de risque de se faire aborder ou frôler de trop près en public, la personne qui essayerait risquerait gros. Je me souviens d’avoir arpenté Peshawar des jours durant, les pakistanais/afghans sautaient carrément de côté pour éviter ma compagne!

    1. says: Jef

      Merci Thomas pour ce témoignage bien intéressant. Il est certain qu’il est toujours impossible d’approcher une femme pakistanaise en règle générale. Ni même prendre une photo.
      Et oui je confirme : l’accueil pakistanais est fantastique.

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