A la rencontre des Naxi, la société matriarcale de Lijiang (Yunnan)

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Au nord du Yunnan, j'ai découvert une superbe ville Lijiang, et une culture millénaire, les Naxi, qui met la femme au centre de toute la société.
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Nous étions sur le chemin de Zhongdian (la Shangri-La chinoise) au coeur du Yunnan quand nous sommes tombés sur Lijiang. « Tombés » c’est un peu exagéré : nous avions marqué d’une croix rouge vif Lijiang sur la carte de notre roadtrip dans le Yunnan.

Si Lijiang attire des voyageurs du monde entier pour ses rues médiévales, ses canaux et sa culture Dongba… moi j’étais surtout très curieux de découvrir les Naxi. Une société matriarcale où les enfants ont des mamans et des tontons. Mais pas de papa. Enfin pleins. Bref une organisation bien à eux. Et Lijiang est leur capitale.

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Voilà Lijiang, c’est là ! Au sud, sud-ouest de la Chine.

Après vous avoir baladé dans la vieille ville, je vous ferais découvrir ce qui fait la richesse de ce lieu, la société Naxi et sa culture Dongba. On pourra même déchiffrer ensemble un message de leur écriture hiéroglyphique.

Lijiang, la ville au pied du Dragon de Jade

La Venise Orientale

Ce qui vous frappe tout de suite à Lijiang, c’est la présence de l’eau. Les canaux sont partout. Lijiang est installée au pied de la montagne du Dragon de Jade. L’eau de la rivière du Dragon de Jade s’écoule du Nord au Sud de la ville et se divise en trois bras pour traverser la vieille ville : « rivière Ouest », « rivière Est », « rivière du milieu ».

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La vieille ville mérite largement son surnom de Venise Orientale avec ses 354 ponts, ses roues à aube, ses canaux… elle a un charme fou ! Retour assuré aux temps des empereurs de Chine et de la dynastie Yuan au XIIIème période de grand essor de la ville : le méandre de ruelles, les maisons de bois rouge, flâner dans ces chemins d’une autre époque.

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A ne pas louper : la place du marché Si Feng Jie un peu perdue au milieu des ruelles. Mais quand vous y arrivez, vous ne pourrez pas vous tromper : les Naxi s’y retrouvent volontiers pour jouer aux cartes ou même faire des danses traditionnelles en groupe.

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Les nuits de Lijiang

A la nuit tombée, Lijiang devient très festive. Les lanternes rouges s’illuminent et dans la « rue des bars », on s’installe pour partager une fondue chinoise avec d’autres voyageurs (qu’on connait pas vraiment) ou prendre une bière dans l’une des tavernes.

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L’ambiance y est vraiment décontractée et on se met facilement à discuter avec les restaurateurs ou d’autres voyageurs, pour la plupart des touristes chinois.

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Lijiang, capitale des Naxi  纳西

On retrouve traces des premiers Naxi à Lijiang au VIIème siècle qui au fil des siècles ce sont installés dans la région jusqu’à en faire leur capitale. Les Naxi ont une culture et une organisation sociale bien marquée, que j’étais très curieux de découvrir même si en 48h, il était impossible de faire le tour de la question.

Une société matriarcale

C’est l’une des curiosités, enfin l’une des différences avec notre société, c’est le côté matriarcale des Naxi. Ca commence par les enfants : la filiation se fait par la mère. Pas de mariage, les enfants sont les enfants d’une femme et « seulement » de la femme. C’est à dire qu’ils sont élevés par leur mère et par l’homme qui habite à ce moment là la maison de Madame : des « tontons » qui jouent le rôle de père.

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Je vous disais pas de mariage et la pratique sexuelle est finalement assez simple et très libre : Monsieur se présente chez Madame, à elle d’accepter ou pas de recevoir Monsieur. Pas d’engagement, pas d’exclusivité, les partenaires peuvent être multiples. Pas besoin de s’embêter avec les divorces…

Le rôle de l’homme pour les Naxi est comme la pluie sur l’herbe : elle sert à faire pousser ce qui est déjà là.

Et de ce rôle de mère, central, découle une position de la femme plus forte : c’est elle la stabilité. Elles assument en général des charges plus lourdes, des positions à responsabilité dans la société. Souvent en costumes traditionnels dans les rues, j’ai pu aussi converser avec des femmes plus jeunes qui tiennent par exemple des restaurants ou des bars.

Attention pas de caricature : les femmes Naxi ne se baladent pas avec un fouet en se faisant porter par des hommes toute la journée. Mais on sent bien dans les rues, dans la vie de tous les jours, ce rôle proéminant de la femme. Rien à voir par exemple avec mon passage à Skardou, de l’autre côté de la chaîne de l’Himalaya au Pakistan, où à l’heure du déjeuner je n’étais pas arriver à voir une seule femme dans les rues pourtant bondées.

Une culture, celle des Dongba

Quand on vient découvrir Lijiang, on découvre forcément un peu de la culture Dongba, la culture des Naxi. Elle a pris ce nom par extension du nom qu’on donnait aux prêtres Naxi, les Dongba.  Cette culture s’est traduite pour moi par deux supports : l’écriture et le chant.

La musique Dongba

Vous ne pouvez pas passer à Lijiang sans prendre le temps d’assister à un concert de chants traditionnels Naxi. Laissez vous porter par les vocalises venues du fin fond des âges.

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Née au VIIème siècle, la musique du sable blanc est d’abord une musique religieuse chantée par les prêtres Dongba. Lors de notre concert pas de prêtre mais une vraie émotion à écouter ses superbes voix.

L’écriture hiéroglyphique Dongba

Lorsque vous vous baladerez dans les rues de Lijiang, sur la plupart des panneaux vous verrez trois langues : le chinois (mandarin), souvent l’anglais pour les principaux sites touristiques, et des signes, des dessins, c’est l’écriture hiéroglyphique Dongba.

écriture hiéroglyphique Dongba

C’est l’une des seules écritures au monde à encore utiliser principalement des pictogramme. La calligraphie Dongba est toujours très vivante à Lijiang : vous retrouvez un musée dédié, les papiers artisanaux destinés à cette écriture sont toujours fabriqués et on retrouve l’écriture Dongba un peu partout : estampes, gravures, panneau, bas relief…

écriture hiéroglyphique Dongba

On ne peut pas s’empêcher d’essayer de deviner le sens des dessins et parfois même on y arrive. Si la silhouette humaine ou la tête de boeuf sont facilement reconnaissables, pas évident d’associer les pictogrammes et de donner un sens au tout.

J’ai trouvé par exemple cet ensemble assez génial :

écriture hiéroglyphique Dongba

Sur la gauche on comprends clairement qu’une maman vient d’accoucher. Sur la droite, une personne (le papa ?) crie sa joie de l’arrivée de son petit. Une autre personne danse de joie.
Et au-dessous, on comprend tout aussi clairement qu’un bon festin se prépare pour fêter ça. C’est autre chose que les 140 caractères de Twitter.

Lijiang vous l’avez compris n’est pas un Disneyland de minorité chinoise ou une réserve-musée pour conserver la trace d’une population disparue.

Non les Naxi sont bien vivant, tout comme leur écriture, leur mode de vie, leur musique et même leurs superbe vieille ville qui garde presque intacte ses ruelles et son village depuis plusieurs siècles.

 

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Envie de continuer le voyage dans le Yunnan ? Je vous emmène encore un peu plus au nord, aux portes du Tibet pour découvrir la Shangri-La chinoise, Zhongdian.

A lire : La quête de Shangri-La qui m’a emmené en Chine et au Pakistan

 

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