Il y a des soirs comme ça où le sort s’acharne. Comme si une force obscure voulait garder pour elle son secret. Quel secret ? Une adresse, un restaurant gastronomique qu’on aimerait garder que pour soit, histoire de pouvoir dire : oui moi j’ai dîné là-bas et c’était fantastique.
Le Limon, le restaurant de l’hôtel Marignan fait parti de ces adresses “qu’on” a essayé de me cacher à tout prix. Tout près des Champs-Elysées pourtant, mais avec une devanture noire, signe souvent d’une certaine sobriété dans la déco mais d’une créativité sans limite dans l’assiette.
Pour tenter de découvrir ce restaurant, j’ai recruté pour cette aventure, une spécialiste, une redoutable spécialiste de la gastronomie : une mère lyonnaise. Et oui à Lyon, pendant l’entre deux-guerres est née une tradition qui est restée : les mères lyonnaises se sont mises à ouvrir leur bouchon et proposer leurs bons petits plats. Michèle Barrière, historienne de la gastronomie, l’explique très bien ici.
Mais je n’avais pas emmené n’importe quelle mère lyonnaise : j’avais invité la mienne.
Voici donc notre soirée, de St Germain des Près aux Champs-Elysées, mais surtout, surtout dans le confortable Limon.
Le complot : une adresse à garder secrète
Si j’exècre les thèses complotistes, les lecteurs les plus sceptiques me rejoindront peut-être cette fois-ci. Nous avions rendez-vous à l’hôtel Marignan. Un hôtel de prestige, un 5 étoiles qui vient d’ouvrir son nouveau restaurant : le Limon donc.
Quelques stations de métro plus loin nous voilà à l’hôtel Marignan, mais déjà, les comploteurs avaient fait leur oeuvre. L’hôtel devant nous était un petit hôtel familial dont la salle de restauration n’était que la salle de petit-déjeuner, à cette heure-ci bien tristoune.
Evidemment, il fallait chercher l’hôtel Marignan Champs-Elysées, niché au coeur du triangle d’or (avenue Montaigne, Champs Elysées et Grand Palais) et pas celui du côté de St Germain. Ayant plus d’un tour dans mon smartphone je sors mon joker Uber. Nous serons à l’heure (ou presque) pour dîner au Limon.
Mais c’était sans compter la ténacité des comploteurs qui tenaient manifestement à garder cette adresse pour eux. Ils mirent sur notre route une manifestation d’ambulancier qui bloquait la Concorde. Joueurs.
Notre Uber n’ayant peur de rien eut finalement raison de ces embûches. Nous étions arrivés au Limon, l’adresse tant jalousée.
La révélation
A peine la porte poussée, que tous nos ennuis (ou erreur à vous de juger) étaient loin. Bienvenue dans votre petite bulle de plaisir, de confort. Du rouge, du noir, une lumière tamisée… on nous installe avec un accueil très chaleureux. On est déjà très bien.
Sur les conseils avisés du responsable, nous décidons d’ouvrir les festivités par un cocktail. Mais pas n’importe quel cocktail. Un cocktail qui n’existe pas. Rien que ça.
Car oui derrière le zinc du Limon, c’est un authentique bartender prêt à dégainer sa créativité à tout moment. Vous lui dîtes juste quel alcool vous ferait plaisir et hop… quelques acrobaties au shaker plus tard, vous voilà devant sa création du moment. Qui certes n’a pas encore de nom mais qui a déjà 1001 saveurs à vous offrir.
Équilibré, sucré mais pas trop, fruité juste ce qu’il faut, richesse des arômes, l’heure de l’apéro se conjugue en cocktail au Limon.
Car outre les cocktails, le Limon propose une jolie carte de snacking inventifs à partager entre amis. A retenir.
La dégustation
Alors que les créations du soir nous faisaient déjà voyager, nous étions très vite appelés par le menu devant nous, concocté par le chef Adrien MILLIAND et son équipe. Aussi un peu par la faim c’est vrai. Mais une faim démultipliée lorsque nous nous lancions dans la lecture de cette liste de réjouissances culinaires.
Le Limon, sans vouloir être un restaurant à thème, tient à mettre son petit grain de sel dans chacun des plats. Ou disons plutôt son zest de folie. Des notes d’agrumes, des noms de plats qui vous donnent une petite idée de la créativité et de la philosophie du restaurant : Foie gras marbré, pain grillé, à ne pas partager, Coquillettes, jambon de Paris, truffe noire, retour en enfance, Churros, Nutella et pralin, comme à la fête…
Vous connaissez ma passion pour le Japon. Je me laissa tenté par le Gyoza au homard et émulsion Kaffir. Quand à ma critique gastronomique, elle céda aux sirènes du foie gras. Qu’elle eut contre les indications du menu la bonne idée de partager.
Nous étions déjà enchantés par nos entrées. Le cocktail des saveurs que me réservait mon gyoza était aussi fin et délicieux qu’inattendu. Là encore un équilibre des saveurs remarquable.
Le marbrage du foie gras renouvelle l’esthétique de ce plat traditionnel. Marbrures brunes à base de champignon : on le prépare un peu comme un millefeuille. Une couche de foie gras, une couche de champignon, on roule et hop, le foie gras du Limon est en place.
Pour la suite, si comme tout homme, je ressentais fortement l’appel de l’Entrecôte Aberdeen Angus (350g), frites maison, je suis finalement parti sur l’Epaule de veau confite 24h, panais, oignons doux, choux. Le genre de plat qu’on ne trouve pas partout et qui bien fait doit être divin. Autant vous le dire tout de suite : c’était divin (n’étions pas tout proches des Champs Elysées ?!).
Tendreté exceptionnelle pour cette viande mijotée avec 1001 saveurs. J’ai pris un plaisir carnivore certain.
Pour ma mère (lyonnaise) c’est la Pêche petit bateau, betterave, fenouil, noisette du Piémont qui remporta la mise. La pêche du moment ramena dans ses filets un bar de ligne. Cuisson millimétrée, et pour un poisson ce n’est pas si facile, qui donne à ce plat toute sa dimension.
Vous connaissez mon sens de la fête ? Sans trop hésiter, question dessert, je suis parti sur les Churros, Nutella et pralin, comme à la fête. Plaisir gourmand et 100% coupable qui terminait mon festin par une belle note sucrée.
Limon
14, rue de Marignan 75008 Paris
site internet : www.restaurant-limon.fr
Comptez entre 60 et 80€ entrée, plat et dessert sans les vins
Menu du jour à 25€ (entrée/plat ou plat/dessert)