J’ai eu la chance de voyager deux fois au Cambodge. La première fois c’était en 2006, dans un voyage qui me faisait remonter le Mékong de Saïgon à Vientiane en passant par le Cambodge.
Coup de foudre.
C’est même ce voyage qui est à l’origine de mon premier blog voyage Vol714.com
Je m’étais promis de revenir. Quelques années plus tard, me voilà de retour, mais cette fois-ci ni bus, ni pirogue… mais une moto !
Un voyage en moto au Cambodge, qui permettait de retrouver mes amis Vanessa et Romain en plein tour du monde en moto qu’ils ont partagé ici même.
- Voyage en moto au Cambodge
- Louer sa moto à Phnom Penh
- Assurances et sécurité
- Rendez-vous rue Pasteur (rue 51)
- Quel loueur de moto choisir à Phnom Penh ?
- Quelle moto choisir pour le Cambodge ?
- Les conditions de location
- Etape 1 : De Phnom Penh à Kampot
- Les bouchons de Phnom Penh
- La campagne cambodgienne
- Pit stop
- Le coup de la panne
- Kampot, enfin
- Kampot l’un de mes coups de coeur
- Etape 2 : retour à Phnom Penh
- Etape 3 : de Phnom Penh à Skun
- Etape 4 : Skun, capitale de la mygale
- Etape 5 : de Skun à Siem Reap
- Une pause à Phnom Santuk
Voyage en moto au Cambodge
Avant de vous emmener avec moi sur mon porte-bagage et de vous conduire à travers tout le Cambodge, de Kampot à Siem Reap en passant évidemment par Phnom Penh, je vais vous parler du choix de la moto et des papiers à faire.
Louer sa moto à Phnom Penh
Le plus simple quand tu te lances dans un trip moto au Cambodge est de louer celle-ci à Phnom Penh.
Non seulement c’est l’aéroport cambodgien qui a le plus de connexions (vs celui de Siem Reap) mais surtout la capitale cambodgienne est au centre du pays et elle propose un large choix de loueurs de motos.
Assurances et sécurité
Comme tu t’en doutes, le Cambodge n’est pas le pays le plus structuré du monde question assurance et soins médicaux. Le choix de la moto, et de son loueur, sont donc essentiels.
Tu liras sur le web plein de mauvaises aventures (genre confiscation de passeport, surcoût inattendu etc). Du coup j’ai pris un peu de temps pour ne pas me tromper de loueur en fouillant sur le web commentaires et recommandations.
Mes recherches m’ont rapidement emmené dans la célèbre rue Pasteur.
Rendez-vous rue Pasteur (rue 51)
Après donc mes recherches sur le web et dans le Lonely Planet, j’avais jeté mon dévolu sur la rue Pasteur (rue 51) qui traverse du nord au sud la capitale.
Quand tu te balades dans cette rue très animée, tu tombes facilement sur une ribambelle de loueurs de motos.
Quel loueur de moto choisir à Phnom Penh ?
J’avais 3 critères pour choisir mon loueur. Le nombre de motos disponibles dehors sur le trottoir, la tête de l’atelier, et les reviews sur le web.
De ça j’ai sorti 2 loueurs que j’ai mis en concurrence.
Angkor Motorcycles (conseillé par le Lonely)
51, rue Pasteur (street 51)
Site internet : www.angkormotorcycles.com
Grease Monkeys
62, rue Pasteur (street 51)
J’ai eu le coup de coeur pour la team Grease Monkeys. C’est toute une famille qui gère la boutique et propose une belle série de moto.
Quelle moto choisir pour le Cambodge ?
Question bécane, sans trop de surprise, j’avais opté pour un trail 250 cm3. Le trail est le parfait compromis pour faire de la route et un peu de piste ou en tout cas des chemins boueux.
Je me doute par exemple qu’à Angkor, mon objectif final, je vais devoir me faire quelques chemins coton. Même certaines rues ne sont pas goudronnées à Phnom Penh, donc si tu fais 600 bornes dans le pays, tu peux être sûr de te balader sur quelques pistes.
J’ai seulement le permis pour conduire une 125 cm3 en France mais là-bas pas de soucis de permis de conduire.
Par contre, ce serait quand même bête de se tuer au guidon d’une moto qu’on ne maîtrise pas. Ca fait 10 ans que j’ai ma moto et je me sens assez prudent et expérimenté pour gérer un 2,5 sur 600 km.
Les conditions de location
Les conditions de location restent un peu digne du far west : il faut laisser son passeport (sympa si sur les 600 bornes que je dois faire j’ai un petit contrôle), pas d’assurance possible, et puis mieux vaut ne pas tomber en panne.
Bref, il fallait se lancer, je me lance, je rentre à la maison avec ma dulcinée, une charmante Suzuki Djebel 250 cm3 à 15$/jour.
Pas belle ma nouvelle conquête ?
Etape 1 : De Phnom Penh à Kampot
Le lendemain matin nous commencions notre périple en moto. Voici une vue d’ensemble du roadtrip :
– Arrivée espérée : Kampot – extrême sud du pays
– Temps espéré : 3 h max
– Route visée : autoroute n°3
– Nombre de kilomètres espérés : environ 160
Les bouchons de Phnom Penh
Si tout de suite nous avions envie de grand air, de piste et de paysages sublimes, il fallait déjà sortir de Phnom Penh.
Priorité n°1 : éviter la police
Non pas que nous nous baladions avec des substances illicites façon Midnight Express mais la police cambodgienne a la fâcheuse tendance à être attirée par les dollars.
Le pays tout entier souffre beaucoup de la corruption, j’en avais fait l’expérience quelques années auparavant à la frontière entre le Cambodge et le Laos où il a fallu s’alléger de quelques billets pour pouvoir passer la frontière.
Du coup les motards occidentaux sont des proies faciles pour les policiers. Un petit contrôle, un rétro un peu tordu, un casque pas attaché ou autre et vous voilà à sortir un petit billet de 5$.
Le jeu était donc de repérer de loin la police, pour lorsqu’on passe à côté, soit passer loin d’eux, soit faire semblant de ne pas voir ou entendre les injonctions policières.
Au seul check point croisé, ils étaient déjà occupés à essayer de choper un motard (qui leur a échappé).
Voici ma petite vidéo du la sortie de Phnom Penh pour vous mettre dans l’ambiance.
La campagne cambodgienne
C’est là où le voyage en moto donnait la pleine mesure de ses qualités.
Quel pied d’être libre de s’arrêter où bon me semble pour profiter du paysage, prendre une photo. Je régule ma vitesse en fonction des coins plus ou moins beaux.
Mon 250 cm3 vs les 125 de mes deux amis me permettent de jolis coups d’accélérateur. En plus du plaisir du paysage, j’ai un vrai plaisir à piloter l’engin. On n’est pas loin de l’extase là.
Les rizières à perte de vue (sèches à cette époque) plantent le décor alors que la route est jalonnée sur le bord par d’énormes trous.
Au début je me demandais l’origine de ces trous, puis j’ai compris (confirmé ensuite par quelques recherches) : ce sont les restes des bombardements de la guerre du Vietnam.
Si le pays n’a jamais été en guerre officiellement à ce moment là, il servait de base arrière aux vietkongs, notamment avec la célèbre piste Ho Chi Minh. Du coup les routes cambodgiennes ont régulièrement été pilonnées par les américains.
Pit stop
Si vous croisez le long de la route quelques stations essences comme on les connait, la plupart sont des pits stop très artisanaux tenus par des familles.
Pas de pompes à essence mais des bouteilles en plastique pleines d’essence. Si ce n’est pas très rassurant, le procédé est ultra classique et fonctionne bien là-bas.
L’intérêt de ces pits stop, outre le ravitaillement, c’est de pouvoir rencontrer quelques minutes ces familles et de croiser de biens jolis sourires à défaut d’avoir une vrai conversation.
– Temps dans les dents : 3 h + 2 h bonus
– Route visée : autoroute n°3 mais non ça sera finalement autoroute n°4 par l’ouest (et ouais)
– Nombre de km à digérer : environ 300 km
Le coup de la panne
Je vous parlais de l’importance de bien choisir sa moto au départ. Je pensais avoir pris les meilleurs dispositions pour faire le meilleur choix.
La réalité allait me donner tort.
Comme je vous le disais plus haut, je faisais un peu l’accordéon avec mes copains de voyage. Là j’avais pris une grosse pause pour faire des vidéos et j’avais environ 20 minutes de retard sur les potos.
Je me décide à les rattraper. Poignée en coin, quand soudain : grand bruit au niveau du moteur en pleine accélération, moteur qui se bloque et qui me stoppe quasi net. Ah.
Surement la chaîne qui a sauté et qui a tapé.
En même temps pourquoi le moteur m’aurait freiné. J’ose à peine penser au pire.
Je regarde le moteur et la chaîne : rien d’apparent. J’essaye de redémarrer mais le moteur ne tousse même pas. Rien. Ca se complique.
Je suis au beau milieu de nulle part, en pleine forêt, mes potes sont loin devant et ma moto ne démarre plus.
Surtout pas de panique. Enfin quand même si un peu.
Je tente d’appeler mes potes sur le portable : échec.
Je tente d’appeler mon loueur : “No english, call back later.”
Later je veux bien mais bon…
Une heure et demie plus tard, je rappelle : échec.
Je ne lâche pas l’affaire, je rappelle direct et j’ai quelqu’un. Pas paniqué pour un sous, ni vraiment concerné, on me dit au téléphone de rejoindre Kampot et que là-bas on avisera. Tout sera à ma charge.
Un peu furax, je me demande bien comment je vais faire pour amener la moto jusqu’à Kampot.
Un peu comme Superman et Wonderwoman, Van et Ro finissent pas se pointer. Ne me voyant pas arrivé, ils ont fait demi tour pour me retrouver.
C’est toujours mieux d’être avec des potes dans ce genre de galère.
On décide d’essayer d’arrêter un pick up pour lui demander de l’aide et de m’emmener à Kampot avec la moto.
On se rend rapidement compte que personne ne fera ça pour la beauté du geste. Il va falloir sortir les biftons.
Il faut savoir que pour environ 50$ vous traversez le pays en taxi.
Après 3,4 pick up qui s’arrêtent, je décide afin de stopper l’hémorragie d’heures perdues dans ce pétrin, de me plier au prix exorbitant que ce mini van, qui transporte par ailleurs d’autres clients, me demande: 75$ pour deux heures de route.
Les gars attachent la moto au coffre du mini van.
Je donne rendez-vous à mes deux compères à la guest house à Kampot.
C’est peut-être déjà la fin du voyage en moto pour moi.
Kampot, enfin
Je ne vous cache pas que je n’étais pas mécontent d’arriver à Kampot.
Kampot l’un de mes coups de coeur
Kampot, la petite ville du sud où il vous faut passer. C’est un spot parfait pour rayonner dans tout le sud, notamment ces parcs nationaux.
Et la ville est en elle-même est vraiment charmante, l’une des très belles découvertes de ce voyage au Cambodge.
Tout peut se faire à pied, le calme de la ville tranche vraiment avec le fourmillement de Phnom Penh.
Mon coin préféré à Kampot ? Les rives de la rivière Preaek Tuek Chhu qui débouche sur le golf de Thaïlande. Très paisible, je vous conseille de dîner sur l’une des belles terrasses qui vous tend les bras.
Vous ne louperez évidemment pas la spécialité locale : le crabe au poivre de Kampot. Du crabe ultra frais et le célèbre poivre de Kampot.
Oui le poivre de Kampot est peut-être l’un des meilleurs au monde.
Même si sa culture est millénaire, ce sont les français qui ont bien développé la ville notamment pour la culture de ce précieux poivre. Les meilleurs restos de Paris ne servaient à une époque que du poivre de Kampot. Dans leur folie, les khmers rouges ont failli mettre fin à tout ça. Heureusement quelques irréductibles ont su préserver cette richesse et aujourd’hui le poivre de Kampot renaît petit à petit.
Je me suis régalé.
Etape 2 : retour à Phnom Penh
J’ai essayé de négocier avec le loueur qu’il me fasse parvenir une nouvelle moto à Kampot mais pas moyen.
Je suis obligé de quitter mes amis qui vont s’offrir une journée de plus dans le sud du Cambodge pendant que moi je vais ramener ma moto au loueur.
Le transport est pris en charge par le loueur. La moindre des choses, les frais que j’ai dû avancer pour remorquer ma moto jusqu’à Kampot, eux restant à ma charge.
Après des heures de voyage au milieu d’un mini van archi bondé, j’arrive à Phnom Penh, le mini bus me dépose avec mon ancienne monture à un station d’essence.
Là je devais attendre la fine équipe du loueur qui venait me chercher, ma moto et moi. Pourquoi n’était il pas possible de me déposer devant le loueur ? Mystère insondable.
Du coup j’attends.
Pas deux jours que je suis parti en moto et j’ai l’impression de ne faire que ça, attendre.
Le Cambodge vous apprend beaucoup de chose, notamment à attendre. Probablement par tradition bouddhiste. Rester zen. Tout le temps.
Ils finissent par arriver et on se fait un petit remorquage façon bled : l’un se met sur mon ancienne moto (dont le moteur ne marche donc plus) et prend le bras du mec qui est sur la moto qui roule.
Et moi je suis donc le passager de la moto qui roule avec mon énorme sac à dos. Vous voyez un peu la tronche de l’équipée sauvage ?
Contre toute attente, nous finissons par arriver.
Je finis par me faire rembourser les deux jours de location et ma caution. Je récupère mon passeport. Au final j’aurais perdu les 50$ de remorquage et une journée et demi de voyage.
Mais pas question de rester bloquer là-dessus. Le plus beau de mon voyage m’attendait. Et ça commençait maintenant.
Déjà trouver une nouvelle monture et pour le coup dans une autre écurie.
Pas besoin d’aller très loin. Je vais voir à quelques numéros plus bas dans la rue, chez la grosse écurie, celle avec qui j’avais hésité : Angkor Motorcycles. Cette fois-ci j’avais opté pour un XR Honda, toujours en 2.5. à 25$/jour.
J’avais rendez-vous avec mes amis le lendemain au 5ème pont après Phnom Penh en direction du nord. Pas sur que je trouve…
Etape 3 : de Phnom Penh à Skun
– De Phnom Penh à Skun : RN5 puis route 61 vers l’est et enfin la 6
– Nombre de km : 244
Je reprends donc ma route en moto avec beaucoup de joie et d’envie.
Direction le nord avec un premier stop à ce fameux 5ème pont où je retrouve mes amis. Un petite point route dans une cantine khmer et direction le nord est du pays.
Il nous fallait une étape avant d’atteindre Siem Reap et Angkor. Skun était le plus gros spot sur notre route et donc évidemment le plus simple pour trouver une chambre.
La lumière, comme souvent au Cambodge, est dingue, surtout en fin d’après-midi.
Je me fais bien plaisir avec ma nouvelle moto : moteur souple et puissant, les kilomètres s’enfilent sur une route sans encombre.
Etape 4 : Skun, capitale de la mygale
Arrivée à Skun, la capitale de la mygale ! Expérience insolite à souhait, je vous en avais parlé ici, vous retrouvez un marché pour le moins exotique : mygales grillées, insectes en tout genre… moi je n’ai pas tenté cette aventure là.
La mygale grillée n’est vraiment devenue une spécialité locale que sous les khmers rouges. Le pays affamé a cherché par tous les moyens à se nourrir.
A part son marché insolite, Skun n’a pas un intérêt de ouf. Mais c’est l’étape parfaite sur la route de Siem Reap.
Par contre l’aventure coup de soleil, je m’y suis plongé. J’avoue avoir fait la route en t-shirt. Belle erreur évidemment que j’ai tenté de corriger à coup de Biafine.
Etape 5 : de Skun à Siem Reap
– de Skun à Siem Reap : RN 6 tout le long
– Nombre de km : 242
Belle journée de moto pour arriver à notre but final : la cité d’Angkor (et sa ville moderne Siem Reap). La distance est parfaite et nous partons tôt le matin pour ne pas avoir trop chaud sur la route.
Une pause à Phnom Santuk
A la moitié du parcours, petite halte incontournable pour visiter la colline sacrée de Phnom Santuk.
C’est là toute la magie de la moto. Cet ensemble sacré n’est pas tout à fait dans les parcours touristiques des grands groupes. A plus de 100 km de Siem Reap, et bien plus de Phnom Penh pas d’aéroport à l’horizon.
Seuls des voyageurs motivés par la magie du lieu.
Je vais faire un article plus détaillé sur Phnom Santuk mais la pause vaut le coup.
Vous commencez par un escalier de 800 marches accompagné des singes, habitués des hommes et qui vous épient pour savoir si vous allez leur donner à manger.
Au sommet vous tomberez sur un ensemble hétéroclite de statues votives. Le site, ancien sanctuaire brahmanique, a été repris au XVème siècle par les bouddhistes.
Si des bouddhas en ciment côtoient des bouddhas allongés gravés dans la roche, la magie du lieu opère notamment grâce à la vue sur la campagne cambodgienne et ses petits habitants à grande queue.
Je me suis même permis un partie de volley avec des cambodgiens. Si il est difficile d’échanger avec des gens qui ne parlent ni français ni anglais, la langue du sport est universelle.
Mais Siem Reap nous attend et il faut reprendre la route.
Au bout de ces deux jours de moto très agréables en pleine cambrousse cambodgienne, nous voici donc arrivés à notre but ultime de notre voyage en moto au Cambodge, Siem Reap et sa cité perdue d’Angkor.
Déjà d’autres visages que ceux croisés sur la route m’appellent… ces visages là sont de pierre… (à suivre)
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